Il est 14 h 30, nous rejoignons Panita au portail de l’école où elle nous attend pour nous accompagner à l’Archipel des Salins. Nous avons maintenant l’habitude de ce trajet et des points de repère se sont construits au fil des rencontres le long des rues, des croisements et des feux. Ici, l’endroit où il y avait le monsieur qui récupérait l’essaim d’abeilles. Là, le garage ouvert qui permet de faire résonner les voix en écho malgré les remontrances du maître. Et puis, l’endroit où le monsieur refaisait l’enduit du mur, oui, on sait ce qu’est un enduit du haut de notre CP. Nous en avons-nous même un sur les murs de la petite maison en terre que nous avons construite grâce à Nicolas qui nous a montré comment faire.
Mais ceci est une autre histoire qui aurait d’ailleurs pu se passer en un tout autre endroit que l’Archipel des Salins même si cette construction prenait tout son sens ici.
Mais pour y faire quoi ?
L’Archipel des Salins, c’est le lieu où il a été possible cette année scolaire de vaquer et découvrir en se laissant guider par ses seules volontés et son seul libre arbitre. Selon une forme aussi appelée de « libre-évolution » et aujourd’hui très médiatisée « d’école du dehors », les enfants ont eu la possibilité pendant 45 minutes, tous les mois, d’explorer, de jouer, de créer, d’observer, de sentir tandis qu’ils vaquaient au gré de leurs envies dans ce lieu foisonnant d’opportunités.
Le faire vivre en prenant le temps d’y vivre
De la multiplicité des possibles est né une multiplicité de manières d’investir cette liberté. Certains, étant un peu démuni face à cette proposition, ont demandé ce qu’ils pouvaient faire. D’autres s’en sont vite emparé comme d’une prolongation d’un temps de récréation. Mais un temps plus riche car moins restreint, ouvrant la possibilité de tracer dans les chemins de sable, de construire des maisons et des mondes tout entier pour les quelques Lego(c) qui traînaient dans les poches. Il fut possible de s’allonger sur une chaise longue en bois, de se balancer avec ses amis sur la balancelle et tant d’autres choses.
Ce fût l’occasion pour d’autres encore de tomber sur certains des éléments inattendus peuplant ce lieu et de jouer à des jeux en bois. Mais aussi de faire ses premiers rythmes sur la batterie de récupération, de gratter dans les bacs et de trouver quelques trésors non-décomposés parmi les moules, peaux d’avocat et autres noyaux qui survivent au passage par le compostage avant de nourrir les plantations de l’Archipel.
De l’observation des gens venant donner un peu de leur temps au lieu, des envies ont germé dans d’autres esprits. Il a été possible alors de planter des fraisiers, de construire des hôtels à insectes. Des questions ont aussi émergé quant aux fonctions de certains espaces et de certains objets. Il a alors suffit d’aller voir et d’y réfléchir.
Et si cela vous donnait envie ?
Les interactions se sont faites plus diverses, plus riches et ont dépassé les groupes d’affinités habituels. On ne peut après cette expérimentation que se poser la même question récurrente des enfants.
On va à l’Archipel aujourd’hui ?