Dans le précédent article, nous nous étions focalisé sur l’aspect biologique de la production de semences des plantes : leurs cycles de croissance, ainsi que leurs modes de reproduction. Cette fois-ci, nous-nous intéresserons à la sélection d’une variété selon différentes techniques. Mais, n’attendons pas plus et voyons ça ensemble :
Les différents types de sélection
La sélection d’une plante consiste à choisir un groupe d’individus parmi plusieurs, et à en conserver leurs semences. Ainsi on favorise, lors du prochain semis, l’obtention de plantes ayant des caractères similaires à leurs parents. Et de génération en génération, on peut parvenir à isoler des caractères qui nous sont favorables : saveurs, résistances, tailles… Cependant il est nécessaire de respecter quelques règles simples :
- On prélève les semences lorsque les fruits de la plante sont mûrs.
- Le travail de sélection parmi les individus, la récolte des graines, le tri, l’empaquetage et le suivi sont des travaux de longue haleine. On n’a qu’une fois par an l’occasion de faire avancer son travail. Il faut donc redoubler de prudence lorsqu’on effectue la sélection et prendre le temps de faire les bons choix.
- Plus on garde de porte-graines, plus les choix et les chances d’encourager l’adaptation ou de profiter d’une mutation naturelle sont grandes et donc la sélection réussie.
Sélection : maintenir une variété
Maintenir une variété consiste à la conserver, c’est pourquoi on l’appelle aussi sélection conservatrice. Le but de cette sélection est de conserver toutes les disparités (différences) que l’on peut observer entre les individus d’une même variété dite « fixée » (c’est à dire présentant des caractéristiques assez homogènes).
En sélectionnant des individus aléatoirement parmi toutes les plantes d’une même variété, on obtient un échantillon représentatif de la variété.
Concrètement, on peut prendre aléatoirement des individus parmi toute la population cultivée, où chercher à prendre parmi tous les individus ceux qui présentent les caractères distinctifs propre à la variété.
Pendant la sélection on peut être tenté de prendre les plus « beaux » individus uniquement (plus gros fruits ou plus grande précocité par exemple), mais ce serait une erreur pour ce type de sélection. En effet, les adaptations futures de la variété, ne sont pas forcément dans les individus apparemment adaptés, à un instant donné, dans l’environnement.
Sélection : améliorer une variété
Il est important de préciser que l’amélioration est faite du point de vue de l’humain. Pour une bonne conservation de l’espèce, les critères qui nous semblent meilleurs ne le sont pas obligatoirement pour la survie de l’espèce. C’est un fait à garder en tête.
Garder les meilleurs
Le but de cette sélection est de faire avancer la variété vers un objectif précis. Par exemple le temps de « montée en graines » des salades.
Concrètement on ne sélectionne que les individus qui paraissent convenir à l’objectif fixé au départ. En répétant cette sélection d’année en année on parvient à isoler le critère qui nous intéresse. La difficulté est que l’éventail d’individus à sélectionner peut être assez élevé pour obtenir un résultat valable. D’une vingtaine, en moyenne, à plusieurs centaines pour certaines espèces.
Éliminer les moins bons
Contrairement à la précédente, cette sélection consiste à « impitoyablement » éliminer les individus qui ne présentent pas les exigences, compte tenu, de la variété choisie. En termes moins barbares, on consomme d’abord les individus les plus chétifs (dans le cas d’une sélection sur les plantes potagères). Puis, on ne laisse « monter en graines » que des individus de l’autre groupe.
Créer une variété par hybridation manuelle ou par des mutations naturelles
Dans le cas de l’hybridation manuelle on croise deux individus choisis pour leurs caractères distinctifs et on va essayer de les retrouver associés dans leurs descendances.
La semence obtenue après croisement est dite hybride F1 (première fécondation). Les caractères des deux variétés sont présents et homogènes mais seulement dans la première génération. Ensuite la variété est dite instable. Soit on en reste à croiser les deux mêmes parents et on fait comme les grands semenciers commerciaux : produire uniquement des semences F1. Soit on poursuit l’expérience en sélectionnant dans la génération F2 les pieds les plus fidèles à la variété F1 et ainsi de suite, de génération en génération jusqu’à n’obtenir que des plantes homogènes, et retrouver les caractères des parents ancestraux.
C’est une opération délicate qui nécessite de nombreux essais et de nombreuses années d’expériences. On prélève le pollen d’une fleur mâle sur les étamines, et on insémine une fleur femelle en déposant le pollen sur le pistil. Afin qu’il n’y ait pas de croisements naturels, la fleur femelle est protégée avec un filet. On empêche, ainsi, la venue des pollinisateurs qui pourraient accidentellement féconder la fleur.
Dans le cas des mutations naturelles, il s’agit simplement de repérer les différences notables apparues « spontanément » (mutation génétique, ou croisement naturel) et de les sélectionner.
Différents critères de sélections
Voici une liste (non exhaustive) de différents critères de sélections :
- La qualité gustative,
- La résistance aux aléas climatiques,
- La tolérance aux maladies et parasites,
- La précocité,
- Le retard de maturité,
- La productivité, la taille des fruits,
- La conservation,
- etc.
Lors du prochain et dernier article, nous verrons de manière pratique comment récolter, trier puis conserver les graines. D’ici là, bonne lecture et à bientôt !
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