Deuxième stade larvaire de la punaise verte ponctuée.

Identifications de juillet à l’Archipel des Salins

Des punaises, des guêpes, des papillons, des mouches, des fleurs, des graines, des abris… Ce sont les identifications de juillet qui nous offrent un aperçu de ce qu’on trouve en ce moment au jardin et de ce que nous allons découvrir dans cet article. Petit focus aujourd’hui sur les punaises (et notamment les vertes ponctuées !). Et toujours des plantes et animaux à identifier (avis aux amateurices) !

En premier lieu, merci aux contributrices (elles se reconnaîtront) qui ont fourni certaines des photos et ressources. Ces identifications et informations présentées ci-après, alimentent le savoir commun de l’Archipel. Et ce savoir commun est nécessaire pour la préservation de l’environnement. En prenant le temps d’observer et de se renseigner sur ces espèces, on réalise qu’elles ne sont pas là pour être décoratives, elles sont dans un équilibre complexe et on a sérieusement intérêt à reconnaître notre place dans ce Tout.

Identifications de juillet pour la faune

On commence par la faune, avec pleins d’animaux qui courent, volent et font probablement encore toutes sortes d’acrobaties.

La punaise verte ponctuée (Nezara viridula)

Voici une espèce qui nous a rendu… chèvre. C’est pourtant une espèce très commune et mal aimée car considérée comme “ravageur” (pour les cultures). Pour parfaire le tout, elle a, comme de nombreux membres de sa famille, le don de se défendre (bougresse!) d’une manière peu agréable. Elle largue un mélange chimique malodorant, parfois toxique à qui s’y intéresse d’un peu trop près. Voici une photo de la fameuse punaise verte ponctuée.

Deux punaises vertes ponctuées en train de copuler. Sur l'une d'elle, deux œufs blanc d'une guêpe parasitoïde qui dévoreront de l’intérieur la pauvre punaise.
Deux punaises vertes ponctuées en train de copuler. Sur l’une d’elle (à droite), deux œufs blanc d’une mouche parasitoïde qui dévoreront de l’intérieur la pauvre punaise (brrr!!!).

Bon ! Jusque là rien de bien extraordinaire. Alors pourquoi un focus sur cet insecte commun ? Petit rappel pour bien saisir l’affaire. Les insectes, ont un squelette qui, à la différence d’autre animaux se situe à l’extérieur du corps (exosquelette : littéralement squelette à l’extérieur). L’avantage c’est que les organes sont bien protégés dans une boite très solide (en chitine). Le désavantage, c’est que lorsqu’on veut grandir, pas le choix, il faut se débarrasser du costume encombrant et en endosser un plus grand. Cela s’appelle la nymphose. Et selon les espèces il peut y en avoir de nombreuses avant d’atteindre le stade adulte. La punaise verte n’échappe pas à la “tradition”.

Premier stade larvaire

Ce qui nous a intrigué avec la punaise verte, tel.le.s les débutant.e.s que nous sommes, c’est qu’en observant un jeune, nous croyions avoir affaire à une autre espèce. Et pour cause, le lien de ressemblance n’est pas vraiment là.

Punaises vertes ponctuées au premier stade larvaire. Oui, oui, elles deviendront vertes. Mais pour l'instant c'est du rouge, du noir et du blanc !
Punaises vertes ponctuées au premier stade larvaire. Oui, oui, elles deviendront vertes. Mais pour l’instant c’est du rouge, du noir et du blanc !

Deuxième stade larvaire

Au deuxième stade larvaire, là encore on s’est fait piégé. Quelle est donc cette nouvelle espèce présente massivement avec de drôles de dessins sur le dos ?

Premier et second stade larvaire de la punaise verte ponctuée.
Premier et second stade larvaire de la punaise verte ponctuée.

Cependant, cette fois le vert commence à devenir présent !

Punaise verte noire et rose, ponctuée de blanc. C'est le deuxième stade larvaire de la future adulte punaise verte ponctuée (Nezara viridula).
Punaise verte noire et rose, ponctuée de blanc. C’est le deuxième stade larvaire de la future adulte punaise verte ponctuée (Nezara viridula).

Et finalement, c’est en collectant des photos, à droite et à gauche du jardin, et en discutant puis cherchant à identifier un des stades de la punaise, que l’identification a été faite. Le secret n’est désormais plus un secret. Vous pouvez maintenant venir contempler toutes les étapes de la punaise verte ponctuée au jardin.

Ha, oui, au fait, c’est un “ravageur” ? Qu’à cela ne tienne. À l’Archipel pas d’impératif de rendement, il nous suffit de le laisser prospérer pour qu’un jour ou l’autre son prédateur vienne et fasse un grand festin. Cela devrait établir un nouvel équilibre en incluant au passage une nouvelle espèce. D’ailleurs, comme vous l’avez noté sur la première photo des punaises vertes ponctuées adultes, les œufs des prédateurs ont déjà été pondus 😉

Autres identifications de juillet animales

Des punaises

Voici une nouvelle punaise, qui ressemble au gendarme, mais qui n’en est pas un ! C’est la punaise rouge du chou (Eurydema ornata) (qui aime d’une manière générale les crucifères, dont les choux font partie).

La punaise rouge du chou (Eurydema ornata) à ne pas confondre avec le gendarme (Pyrrhocoris apterus).
La punaise rouge du chou (Eurydema ornata) à ne pas confondre avec le gendarme (Pyrrhocoris apterus).

Encore une nouvelle punaise, qui pullule sur notre plant de Maceron. C’est la punaise arlequin (Graphosoma italicum) ! On comprend bien son nom en la voyant.

Scène pornographique de deux punaises arlequin prenant du bon temps sur les hampes portant les graines du maceron.
Scène pornographique de deux punaises arlequin prenant du bon temps sur les hampes portant les graines du maceron.

Une guèpe

On abandonne les punaises et on découvre une guêpe découpant, consciencieusement avec ses mandibules, les fibres d’une planche (et ce n’est pas ce qui manque au jardin de l’Archipel des Salins). On en voit aussi prélevant des fibres sur les reliquats de tournesols de l’année précédente. Il y a de la construction de nid en papier pas loin d’ici !

Guêpe en train de découper des fibres de bois pour construire son nid collectif en papier.
Guêpe en train de découper des fibres de bois pour construire son nid collectif en papier.

Des abeilles solitaires et une charpentière

Les hôtels à insectes sont quand même pratiques pour observer leurs habitudes. Cela ne remplace évidemment pas un jardin naturel, mais en cumulant les deux on a le luxe de pouvoir les surprendre faire leur besogne, et on sait où regarder. Par exemple, on a ici une petite abeille solitaire préparant des chambres d’hôtels pour sa progéniture. Des cloisons, de la nourriture et on referme le tout. A l’éclosion, ses enfant auront tout ce qu’il faut pour démarrer la grande aventure de la vie.

Petite abeille solitaire préparant sont nid en déposant de la nourriture, puis un œuf, puis une opercule pour le protéger. (elle peut le faire plusieurs fois dans un même tunnel, et même laisser des opercules vides pour tromper les prédateurs)
Petite abeille solitaire préparant sont nid en déposant de la nourriture, puis un œuf, puis une opercule pour le protéger. (elle peut le faire plusieurs fois dans un même tunnel, et même laisser des opercules vides pour tromper les prédateurs)

Le temps d’observer cette première abeille et tout un tas d’autres apparaissent pour faire la même chose !

Vue de face d'une abeille solitaire sortant du tunnel d'un hôtel à insectes (outil idéal pour l'observation de ces petites abeilles). Une autre inspecte son futur nid, peut-être.
Vue de face d’une abeille solitaire sortant du tunnel d’un hôtel à insectes (outil idéal pour l’observation de ces petites abeilles). Une autre inspecte son futur nid, peut-être.

Vous vous souvenez du xylocope qu’on avait vu le mois dernier dans les fleurs de sauge argentées ? Cette abeille charpentière continue d’apprécier les fleurs du jardin et a jeté cette fois son dévolu sur les fleurs d’artichaut. Visiblement, on y plongerait complètement pour avoir ce précieux nectar !

Xylocope ou abeille charpentière butinant goulument la fleur d'artichaut
Xylocope ou abeille charpentière butinant goulument la fleur d’artichaut

Un papillon ? Le ptérophore

Voici une drôle de découverte. Un papillon comme on n’en a pas l’habitude d’en voir. L’image du papillon est assez précise dans nos têtes, coloré avec des grandes ailes. Éventuellement, on a aux extrêmes les papillons de nuit, mais là, ce qui a été observé élargit notre représentation de ce que peut aussi être un papillon. C’est le ptérophore :

Un insecte bien étrange qui était enfermé dans le bâtiment : un ptérophore (Emmelina monodactyla).
Un insecte bien étrange qui était enfermé dans le bâtiment : un ptérophore (Emmelina monodactyla).

Il en existe de plusieurs sortes, certains assez colorés. Celui qui a été saisi en photo c’est le ptérophore commun ou Emmelina monodactyla.

Le même insecte avec ses deux excroissances bien visibles. Elles lui donne l'apparence d'un "T". Sa plante préférée ? Le liseron... étrange!
Le même insecte avec ses deux excroissances bien visibles. Elles lui donne l’apparence d’un “T”. Sa plante préférée ? Le liseron… étrange!

Les résineux, morts ou vivants, sont une source de nourriture

Que ce soit le lepture rouge (Stictoleptura rubra) dont les larves creusent des galeries dans du bois mort de résineux ou la punaise du pin (Leptoglossus occidentalis) dont l’adulte se nourrit des cônes de pin, le résineux est aussi une source de biodiversité.

Le lepture cardinale (femelle) ou papale (male) (Stictoleptura rubra).
Lepture rouge sur une feuille de framboisier.

Le lepture rouge pourrait être confondu avec le pyrochre écarlate qui a la même morphologie, mais les pattes bicolores, et les antennes non crochues sont de bons éléments pour les distinguer.

Punaise du pin au dernier stade larvaire (Leptoglossus occidentalis) de couleurs beige et brune sur une feuille d'hibiscus.
Punaise du pin au dernier stade larvaire (Leptoglossus occidentalis) de couleurs beige et brune sur une feuille d’hibiscus.

Sur la photo ci-dessous, comme nous l’avons vu plus haut avec la punaise verte ponctuée, les formes larvaires sont toujours bien éloignées de l’allure des adultes. La punaise du pin n’y échappe pas.

Punaise du pin adulte (Leptoglossus occidentalis) portant une sorte de damier, et au dessin similaire aux gendarmes mais de couleurs marron et noire.
Punaise du pin adulte (Leptoglossus occidentalis) portant une sorte de damier, et au dessin similaire aux gendarmes mais de couleurs marron et noire.

Môssieur le merle

Enfin, pour finir avec la faune connue, voici notre compagnon de tous les jours : M. le merle au monocle d’or. Il attends tous les matins proche de la porte qu’on lui ouvre la caverne d’abondance. Car avec les biodéchets stockés à l’intérieur, il y a, par les fortes chaleurs, le lot de larves de mouches… Heureusement pour nous, M. le merle n’a pas vraiment peur des bipèdes qui lui laissent la voie libre et pointent de temps en temps des objets technologiques pour le surprendre en plein de travail. Car monsieur a du travail ! Nourrir tous ses enfants n’est pas de tout repos. Il n’est plus l’heure de siffloter des airs entendus de-ci de-là.

Un merle pas timide, qui remplit son bec de larves de mouches pour nourrir ses petits (qui ne manqueront pas de protéines !).
Un merle pas timide, qui remplit son bec de larves de mouches pour nourrir ses petits (qui ne manqueront pas de protéines !).

Et c’est gagnant-gagnant, car il nourrit sa progéniture et il nous débarrasse de ces insectes rampants. La contrepartie ? Ne pas l’effrayer, le laisser aller à sa guise dans le bâtiment et lui ouvrir la porte quand on arrive le matin.

Identifications de juillet pour la flore

Du côté des plantes, il y a moins de nouveauté, mais beaucoup de fleurs ont surgit et elles nous régalent de leurs couleurs. Alors profitons-en !

Bouquet vivant d'achillées millefeuilles rose, blanc, fuchsia et de tanaisie jaune dans un bac partagé.
Bouquet vivant d’achillées millefeuilles rose, blanc, fuchsia et de tanaisie jaune dans un bac partagé.

Voici le bleuet des champs (Cyanus segetum) annuel, proche du bleuet des montagnes (Centaurea montana) vivace mais avec un feuillage plus frêle.

Fleur de bleuet des champs (Cyanus segetum) sur fond de menthe.
Fleur de bleuet des champs (Cyanus segetum) sur fond de menthe.

Voici aussi la remarquable fleur d’artichaut, impressionnante de taille (à l’échelle du plant qui fait presque deux mètres de haut avec des énormes feuilles tombantes).

Fleur d'artichaut allant du fuchsia à cœur au violet à ses extrémités.
Fleur d’artichaut allant du fuchsia à cœur au violet à ses extrémités.

On trouve aussi la fleur rose du pois de senteur qui exhale son parfum envoutant.

Fleur rose de pois de senteur.
Fleur rose de pois de senteur.

Une plante commune dans les potagers et très utilisée avec les tomates pour la protection qu’elle offre : c’est l’œillet d’inde (Tagetes patula). Elle repousse les nématodes qui peuvent s’attaquer aux racines des tomates. Et puis, aussi, c’est joli 😉

Fleur orange d’œillet d'Inde ou tagètes.
Fleur orange d’œillet d’Inde ou tagètes.

Et pour finir, nous faisons honneur à une plante très présente sur le jardin et qui a joué un rôle essentielle dans la végétalisation des lieux. C’est une plante indigène (qu’on trouve donc spontanément dans la nature et qui y est bien adapté) qui pousse vite et nourrit toute une faune. Ses fleurs sont relativement discrètes, mais elles sont abondantes et durent longtemps. Sa tige est utilisée pour la vannerie et elle a des sœurs bien moins discrètes que l’on observe souvent dans les jardins. C’est la clématite. Et celle qui est mise ici à l’honneur c’est la clématite des haies (parfois appelée herbe aux gueux, car des mendiant utilisaient ses propriétés irritantes pour paraitre plus misérables qu’ils n’étaient, afin de susciter de la pitié). Son nom latin est la Clematis vitalba. Voici une photo de ses fleurs qui sont quand même remarquables :

Fleurs blanches de l'herbe au gueux, ou clématite des bois (Clematis vitalba).
Fleurs blanches de l’herbe au gueux, ou clématite des haies (Clematis vitalba).

Ce qui a été identifié

Le mois dernier, une plante (avec une photo de pas très bonne qualité, ce qui n’a pas probablement pas facilité son identification) a trouvé un nom : le miroir de vénus. Merci pour la participation !

Miroir de vénus : Legousia speculum-veneris
Miroir de vénus : Legousia speculum-veneris

Aussi voici une identification à la volée pour une belle chenille qui était jusqu’à peu non identifiée, mais c’est chose faite ! C’est la noctuelle de la Patience.

Une belle chenille hérissée de piquants, dévorant une feuille d'oxalis.
Une belle chenille hérissée de piquants, dévorant une feuille d’oxalis. C’est Acronicta rumicis ou la noctuelle de la Patience

Ce qui reste à identifier

Voici en vrac ce qui reste à identifier au jardin.

Bourdon butinant une fleur de chardon rose. Les deux sont à identifier plus précisément.
Bourdon butinant une fleur de chardon rose. Les deux sont à identifier plus précisément.
Magnifique papillon, à identifier, coloré de rouge, noire, jaune et brun sur des fleurs de lamier blanc (Lamium Album)
Magnifique papillon, à identifier (peut-être Pyrausta purpuralis à confirmer), coloré de rouge, noire, jaune et brun sur des fleurs de lamier blanc (Lamium Album)
Diptère non identifié sur une inflorescence de tanaisie.
Diptère non identifié sur une inflorescence de tanaisie.
Petite sauterelle verte à identifier.
Petite sauterelle verte à identifier.
Diptère à identifier.
Diptère à identifier: (Cyrtopogon laphriformis ?).

Les ressources pour aller plus loin

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