Lançons-nous dans la réalisation d’un bac à compost pédagogique !
Un bac pédago…quoi ? Allez, voici quelques éléments pour éclaircir ce terme aux multiples résonances.
Nous allons ici parler d’un bac “pédagogique” donc, à savoir : facile à construire, pas trop grand, et qui pourrait bien être la base d’une belle aventure en plusieurs épisodes. Tout ça pour quoi ? Pour faire découvrir ce monde qu’est la transformation de la matière organique à des petites mains pardi !
Balayons les idées préconçues…
Non…
Non, vous ne vous aventurerez pas dans une séance bricolage sans fin. Il n’y aura pas non plus besoin de tout un arsenal d’engins motorisés. Vous n’allez pas devoir acheter tout le rayon planche du magasin de bricolage du coin. Ni passer trois weekend à transpirer au démontage des palettes de récupération qui vous auront économisé cet achat (si c’est le cas, venez faire un petit stage démontage de palettes à Terra Preta ou simplement nous solliciter pour récupérer à moindre coût les planches nécessaires).
Oui…
Et oui, les enfants peuvent bricoler très tôt. Et encore oui, c’est possible de faire cet atelier sans louer un 30 mètre-cube pour amener tout le matériel.
Ah !
Vous l’aurez compris, un atelier comme celui-là peut être organisé par tout un chacun motivé et bien informé. Pour le plaisir des petites mains (ou moins petites d’ailleurs) qui vont graviter autour de ce bac en construction.
La (petite) liste de matériel pour la construction de ce bac à compost
Puisqu’on parle de petites mains et d’un atelier facile à mettre en œuvre et en place, les découpes seront réalisées en amont. C’est l’assemblage du bac qui sera l’activité centrale de cet atelier.
Pour ne pas passer trop de temps en préparation et permettre un assemblage facile de ce bac, l’élément de base proposé est une section de palette chevron (aussi appelée palette cimentière).
Si ce n’est pas ce type de palette que vous avez sous la main, point de panique, une petite alternative est présentée plus bas !
Puisque l’on va parler matériel, parlons en introduction des dimensions, cela va en effet régir la quantité de bois et de planches à rassembler. Vous l’avez compris maintenant, nous allons utiliser une section de palette chevron, donc les dimensions des planches à avoir sous la main vont tout simplement être exprimées en : largeur-palette, hauteur palette, et soyons fou : diagonale-palette. Tout va donc dépendre de la palette chevron que vous aurez récupéré si vous voulez absolument convertir en cm !
Côté bois
- Une palette chevron (1) (elle transporte les parpaings ou autres lourdes charges sur les chantiers et sont quelquefois simplement jetées ensuite ou recyclées tout de même… Cela vaut le coup de demander à droite à gauche ! )
- 6 planches pouvant s’insérer dans les interstices de la palette chevron (2) [d’une largeur-palette].
- Des planches pour le bardage d’une des faces du bac aussi larges que possibles (3) (pour moins en visser) [d’une largeur-palette].
- Des planches pour la face avant du bac (4) [d’une largeur-palette ou un peu plus court].
- 3 planches plus épaisses (5) [d’une largeur-palette].
- Deux planches plus longues (6) [d’une diagonale-palette environ].
Côté outils
Pour la préparation en amont
- Une scie ;
- Du papier à poncer ;
- Une cale à poncer.
Pour un atelier de 6-8 participants
- 2 mètres ou réglets ;
- crayons ;
- 2 serres-joints ;
- Des vrilles de 2 et 3 de diamètre (2 de chaque) ;
- 2 ou 3 tournevis ;
- Des vis ;
- Une scie (*pour l’animateur) ;
- Du papier à poncer (*) ;
- Une cale à poncer (*).
La construction
Comment articuler cet atelier
Lorsque l’on décide de mener un atelier bricolage avec des plus jeunes, plusieurs questions s’imposent en dilemmes.
Est-ce que je vais pouvoir veiller à la bonne utilisation des outils pour tout le monde en même temps ? Est-ce que je vais pouvoir me rendre disponible pour aider si nécessaire ? Vais-je avoir assez de matériel ? Que vont faire ceux qui attendent si cela arrive ?
Voici une règle d’or et une proposition de fonctionnement.
Premièrement donc, garder en tête que ce sera ma disponibilité en matériel (bois et outils) qui va conditionner le nombre de participants qui pourront réaliser cet atelier en même temps. Les participants seront mis en binômes car pour le bricolage, on a souvent besoin d’une troisième main pour maintenir en place, nous amener l’outil manquant, nous remplacer quand on n’en peut plus !
Ensuite côté fonctionnement, des ateliers tournant, correspondants aux étapes de la construction, permettent de diminuer la quantité de matériel à avoir sous la main.
Voici un exemple si on imagine les trois étapes : tracer, percer et assembler (étapes assez récurrentes en bricolage n’est-ce pas !)
On a donc 3 étapes, ce qui peut convenir pour 3 binômes donc 6 participants.
En ayant préparé le tracé sur un des éléments on peut alors répartir nos trois binômes sur les 3 étapes. 1 binôme qui perce l’élément déjà tracé. Les deux autres qui tracent. Et ensuite on fait tourner tout ça !
Rotations | Binôme 1 | Binôme 2 | Binôme 3 |
percer | tracer | tracer | |
Première rotation | visser | percer | percer |
Deuxième rotation | tracer (pour une autre partie de la construction) | visser | visser |
On voit qu’on peut donc faire travailler 6 participants en même temps avec 2 vrilles, 2 réglets/crayons, 2 tournevis. Tout le monde participe, il n’y a pas d’attente, et on est disponible pour aider et accompagner.
Préparation en amont de l’atelier
L’élément de base “palette”
Il faut préparer l’élément de base pour l’assemblage de notre bac en sciant une section de la palette chevron comme suit.
On découpe le long du chevron central pour obtenir une demi-palette constituée de deux chevrons. Il faut alors supprimer les éléments constituant la semelle en sciant à nouveau le long de l’un puis de l’autre chevron.
On coupe en deux cette sorte d'”échelle” obtenue pour avoir nos deux sections de palette. Vous devriez vous retrouver avec deux éléments correspondant à celui en illustration de la partie “côté bois”.
Si c’est plutôt une palette Europe EPAL que vous avez sous la main, une alternative peut-être de réaliser des découpes comme indiqué sur cette illustration (en rouge). Il suffira ensuite de lier les deux éléments obtenus (en réitérant l’opération sur une autre palette) par deux planches horizontales en utilisant les dés (en noir). Le bardage de la face arrière du bac sera alors réalisé verticalement plutôt qu’horizontalement (en vert).
Les planches
On réalise aussi les découpes des planches. D’une largeur-palette pour les planches venant combler les interstices de la section de palette (2) et des planches servant au bardage de la face arrière du bac (3).
Les découpes des planches plus épaisses (5) permettront de former un U lors de l’assemblage de la face avant du bac.
On ne procède pas encore à la découpe finale des autres planches puisque leur longueur dépendra de l’assemblage.
Pour ce qui est du ponçage, c’est à l’appréciation de chacun. Le compost n’a pas besoin d’une surface lisse passée au papier à poncer 240 (grain) à mon avis. Un simple passage grossier pour éviter les échardes dans la manipulation devrait suffire. Les outils proposés, à savoir la cale à poncer et le papier à poncer devraient de toute façon vite vous dissuader de vouloir du bois à la douceur d’une peau de bébé !
C’est parti pour l’animation de l’atelier
Un petit tour d’horizon des différents outils ne ferait pas de mal en introduction pour faciliter la communication par la suite ! De même qu’un petit tour d’horizon des bonnes pratiques du bricoleur : “ai-je réfléchis à l’endroit où sont mes doigts et si mon activité est dangereuse pour eux tels qu’ils sont placés ?”, “est-ce que la pièce sur laquelle je travaille est bien stable et bien maintenue ?”, “Est-ce que ma vrille sortira bien du bois au dessus du vide et non dans la table qu’il ne fallait pas que j’abime …?”
Les deux faces latérales du bac à compost
On doit, pour créer ces deux éléments du bac, combler un peu la partie ajourée de nos deux sections de palette.
Pour cela, on trace l’épaisseur du chevron en bout de chaque planche pour savoir dans quelle zone il faudra percer puis visser.
On perce aux deux extrémités les planches avec les vrilles (1 passage avec la vrille de 2 puis un passage avec la vrille de 3 permet de faire davantage manipuler cet outil). Le but de cette manipulation est de faciliter ensuite le passage de la vis dans le premier bois pour éviter de trop forcer avec le tournevis lorsque la vis devra continuer son chemin en forant aussi le deuxième bois lors de l’assemblage.
Pour l’animateur : Avant de faire fixer la planche sur la section de palette, réaliser une empreinte pour que la tête de la vis puisse s’insérer dans le bois sans le fendre. On utilise pour cela le tournevis cruciforme comme la vrille en tournant en allers-retours rapide du poignet (sacrilège me direz-vous d’utiliser un tournevis comme ça… mais pratique et efficace et la dureté de la partie “empreinte” du tournevis, comparée à celle du bois nous assure qu’on ne va pas user bêtement cet outil). Il faut tout de même vérifier que le diamètre de la tête de la vis n’est pas supérieur à celui de la pointe du tournevis ! Sinon (et c’est encore mieux pour qui a !) : l’outil réellement adapté à la réalisation de cette empreinte s’appelle une fraise.
Faire visser la planche sur la section de palette.
On réitère ces opérations jusqu’à ce que toutes les planches soient vissées sur les sections de palettes. Nous avons les deux faces latérales de notre bac !
La face arrière du bac à compost
Il faut maintenant assembler les deux faces latérales du bac en réalisant le bardage de la face arrière.
Pour cela, on trace la largeur du chevron en bout de chaque planche pour savoir dans quelle zone il faudra percer puis visser.
On perce aux deux extrémités les planches avec les vrilles.
Pour l’animateur : on réalise à nouveau les empreintes pour les têtes des vis.
On va ensuite positionner puis fixer les planches ainsi préparées afin de lier les deux faces latérales du bac. On visse le tout et le tour est joué.
La face avant du bac à compost
Il faut réaliser un U à l’aide des planches plus épaisses (5). Celui-ci rendra possible la glissière pour les planches qui viendront ensuite s’insérer au niveau de cette face avant. Les planches pourront donc être ajoutées ou enlevées pour n’avoir que la hauteur réellement désirée.
On commence par fixer à l’aide des serre-joints la planche inférieure de ce U. C’est elle qui va rectifier le parallaxe de notre bac carré ou rectangulaire.
Une fois bien positionnée, il faut visser cette planche. Il sera peut-être nécessaire de réaliser une empreinte pour la tête de la vis plus profonde que sur les autres planches. La plus grande épaisseur de celle-ci ne permettra en effet peut-être pas que la vis morde suffisamment dans le bois (si ce sont les mêmes vis qui sont utilisées).
C’est ensuite au tour des deux planches latérales du U d’être positionnées puis vissées. Il faut alors veiller à laisser une partie du montant de la palette non recouvert par les planches. Ceci afin de réaliser la glissière pour les planches amovibles de cette face avant.
Afin d’éviter la déformation de cette face avant du bac et de finir la création de la glissière, il faut alors tracer, couper puis visser les deux planches plus longues pour réaliser un V.
Ce V peut dépasser légèrement la hauteur du bac pour donner de la pente au couvercle du bac.
Le toit du bac à compost
Pour le toit les possibilités sont très variés et dépendantes du matériel sous la main. La principale raison qui amène à couvrir son bac va être de pouvoir maitriser le taux d’humidité de son compost.
L’élément que l’on va retrouver quel que soit la construction de ce toit, devrait être les deux charnières qui vont l’articuler. Pour le reste, à vous d’innover ! Grande planche bien large et toit massif, toit composite en plusieurs planches, cadre recouvert d’une bâche étanche (il y a de quoi récupérer du côté des vieilles nappes ou des kakémonos n’ayant servi que pour un évènement…).
Quelques points de vigilance peut-être :
- penser au maintient en position ouverte du toit pour faciliter ensuite les dépôts ou l’entretient ;
- prévoir une sécurité pour maintenir le toit en position fermée, notamment si le toit est en bâche : un coup de vent un peu trop violent pourrait l’ouvrir et arracher vos charnières !
À vous de jouer et n’hésitez pas à nous faire des retours d’expériences !
Et si ça vous donnait des idées ?
Les illustrations de cet article reposent sur l’assemblage à 6 paires de petites mains d’un bac à compost lors de 5 séances de 30 minutes. C’est donc à l’aide des simples outils que sont la vrille, le tournevis et le serre-joint et leur matériel associé que ce bac à vu le jour. La préparation des planches et la construction du toit (découpes et ponçage grossier) à représenté un peu moins de 3 heures de préparation à l’animateur.
En espérant donc que cela donne des idées, des envies ou simplement à voir ce qu’il est envisageable de réaliser autour du vaste thème du compostage, et ici plus précisément d’un bac à compost pédagogique. Il n’attend maintenant plus qu’à être utilisé pour former les jeunes (ou moins jeunes !) à l’utilisation et l’entretien de cet intéressant mobilier de jardin (n’est-ce pas ?) et des biodéchets qui y seront déposés.
Pour toutes vos questions autour du bac à compost et de son utilisation, voici la FAQ autour du bac à compost de Terra Preta !
Une réflexion sur « Atelier construction d’un bac à compost : à vous de jouer »