Plein de graines, en pots, en sachets

Faisons nos semences, libérons-nous des semenciers ! (1/3)

La production des semences est un enjeu crucial aujourd’hui. La mainmise sur le Vivant, des grands semenciers, se fait de plus en plus pesante. L’appropriation de la Nature par les multinationales ne cesse de préoccuper les paysans et jardiniers du monde entier. Comment a-t-on pu laisser des sociétés s’approprier ce bien commun et ancestral ? Nous en sommes arrivés à un tel point d’absurdité et de dangerosité, que certaines personnes, pour nous prévenir d’un avenir trop sombre, ont décidé de créer des semences libre de droits. D’autres échangent, sèment et sélectionnent leurs variétés, comme un pied de nez aux multinationales. Voyons comment, à notre échelle, nous pouvons nous aussi lutter et leur couper l’herbe sous le pied. Apprenons à faire nos propres semences et opposons nous à ce vol.

Plein de graines, en pots, en sachets
Plein de graines, en pots, en sachets, triées ou non…

Différents cycles de croissance

Le cycle de croissance d’une plante se définit par son temps de vie. En d’autres termes, combien de temps faut-il à la plante pour pousser (depuis la graine) jusqu’à sa mort ? Toutes les plantes n’ont évidemment pas le même cycle de croissance,  c’est aussi ça la biodiversité. Cependant, nous pouvons les classer en trois grandes catégories.

Plantes annuelles

La majorité des plantes du potager sont des annuelles, c’est à dire que leur cycle de  croissance ne dépasse pas une saison. Une saison pour croître, fleurir, puis faire ses graines. Parfois, il suffit même de quelques semaines, comme c’est le cas pour la mâche qui peut effectuer plus d’un cycle en un an.

Quelques exemples : salades, maïs, courges, œillets d’Inde, tomates (celles-ci doivent avoir assez de chaleur pour effectuer leurs cycles dans nos latitudes, car la tomate est d’origine tropicale)…

Fleur de maïs mâle situé au sommet de la plante. L'épi ne se formera pas ici !
Fleur de maïs mâle situé au sommet de la plante. L’épi ne se formera pas ici !

Plantes bisannuelles

Elles produisent leurs semences au bout de deux saisons ou à cheval sur deux années avec un hiver au milieu. La première saison produit une racine ainsi qu’une courte tige, et reste au niveau du sol. Lors de la deuxième saison, la plante fleurit, fructifie, fait ses semences puis meurt. Si les conditions climatiques ou pédologiques (la pédologie concerne les caractéristiques du sol) ne sont pas suffisantes pour la plante, celle-ci peut attendre une troisième, voire une quatrième saison avant de fleurir. Elle s’assure ainsi, d’avoir suffisamment d’énergie dans sa racine, pour produire sa descendance.

C’est le cas par exemple des carottes, choux, oignons, poireaux, betteraves…

Tiges de choux portant ses graines matures dans des cosses protectrices.
Tiges de choux portant ses semences matures dans des cosses protectrices.

Plantes pérennes (ou vivaces)

Ce sont toutes les plantes qui restent en place pendant plusieurs années. Elles croissent d’années en années selon diverses stratégies. Certaines passent les saisons défavorables sous le sol sous forme de racine, de bulbe, de rhizome, ou de tubercules. D’autres survivent au dessus du sol, mais leur croissance cesse généralement pendant l’hiver. C’est le cas des arbres, des arbustes et des lianes. Dans cette catégorie, il faut attendre l’âge adulte de la plante avant qu’elle ne se décide à fleurir, et donc produire ses graines. Parfois cela nécessite de très nombreuses années, parfois beaucoup moins.

Exemples : artichauts, sauges, framboisiers…

Fleur fanée d'artichaut. Les semences sont à l'intérieur !
Fleur fanée d’artichaut. Les semences sont à l’intérieur !

Reproduction des plantes

Afin de comprendre pourquoi il faut isoler telle variété de carotte d’une autre variété lors de sa culture, il est nécessaire de faire le point sur la reproduction des plantes à fleurs. On distingue ainsi, deux types de reproduction.

Les plantes allogames

Les plantes dites allogames privilégient l’interfécondation. L’ovule d’une fleur a besoin d’être fécondée par le pollen d’une fleur d’un autre individu. On parle alors de fécondation croisée.

La propagation du pollen se fait par les insectes (plantes entomophiles) ou par le vent (plantes anémophiles) ou encore par les animaux à plumes ou à poils (colibris ou chauves souris par exemple).

Il est donc important pour les plantes avec ce mode de reproduction, d’être isolées lorsqu’on veut préserver leurs variétés. En effet, le risque de croisement entre plusieurs variétés est élevé pour ce type de plantes.

Les plantes autogames

Les plantes dites autogames, plus individualistes, s’autofécondent. C’est à dire que le pollen d’une fleur peut féconder l’ovule de cette même fleur. Il arrive que la fleur soit fécondée avant même que celle-ci ne s’ouvre. Cela facilite le travail du sélectionneur mais nuit à long terme à la diversité génétique de l’espèce.

Heureusement la nature est bien faite, il arrive parfois qu’un insecte puisse pénétrer la fleur encore fermée et féconde “accidentellement” la fleur avec le pollen d’un autre individu. On obtient ainsi un croisement naturel. Et la diversité génétique de l’espèce est ainsi renouvelée.

Schéma de la structure générale d'une fleur
Schéma de la structure générale d’une fleur.

 La suite concernera la sélection des porte-graines, puis la récolte, le tri et le stockage de vos graines.

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